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PRO SILVA FRANCE
Gérer les bois et forêts sans coupes rases : la sylviculture à couvert continu
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Principes de notre sylviculture

La "sylviculture mélangée à couvert continu" - SMCC - a été proposée par des acteurs forestiers de plusieurs pays européens (France, Allemagne, Belgique, Luxembourg, partenaires du projet Interreg Askafor), dont Pro Silva France, pour regrouper un panel de techniques aux noms divers : sylviculture irrégulière, sylviculture à convert continu, sylviculture proche de la nature. La SMCC bénéficie à présent d'un référentiel qui la définit et la borne dans ses objectifs et ses principes de gestion.

La sylviculture mélangée à couvert continu cherche à optimiser le traitement des forêts afin qu’elles remplissent d’une manière durable et rentable leurs multiples fonctions socio-économiques. La SMCC vise entre autres la production de bois de qualité et la performance économique en s'appuyant sur une bonne santé de l'écosystème forestier.

La SMCC, comme son nom le traduit directement, est avant tout une gestion à travers laquelle le couvert forestier est maintenu malgré les coupes de bois - qui sont légères mais bien réparties - et qui favorise le mélange d'essences et le structures naturelles de la forêt.

Mais encore ? Un ensemble d'acteurs forestiers de 4 pays européens (Belgique, France, Luxembourg, Allemagne), grâce au projet interreg Askafor, a produit un référentiel commun de cette "sylviculture mélangée à couvert continu", qui décrit plus finement les objectifs et les principes de cette sylviculture. Nous reproduisons ici les objectifs de la sylviculture mélangée à couvert continu. Des précisions sur les princpes techniques sont contenues dans les documents du référentiel que vous pouvez télécharger en bas de page.


Multifonctionnalité
La Sylviculture Mélangée à Couvert Continu (SMCC) s’inscrit résolument dans le principe de multifonctionnalité des forêts, développant dans un même peuplement forestier les réponses aux attentes du propriétaire et de la société, aussi bien écologiques, qu’économiques ou sociales. La recherche d’une synergie entre économie et écologie est un trait fondamental de cette sylviculture.

Solution fondée sur la nature (au sens de l’UICN in Resolution 069, World Conservation Congress, 2016.)
La SMCC s’appuie en priorité sur les dynamiques naturelles des écosystèmes forestiers, tout en les orientant pour maintenir durablement une forêt capable de délivrer une diversité de services écosystémiques et de soutiens à ces services : production de bois, conservation de
la biodiversité et des espèces, protection des zones humides et des eaux, accueil des publics, stockage du carbone, préservation des sols…

Valeur ajoutée et économie des moyens
La SMCC vise à produire des bois de la meilleure qualité possible, pour alimenter la filière bois avec un matériau renouvelable et aux qualités technologiques reconnues pour la construction, la menuiserie, l’isolation thermique et phonique, etc. Pour le propriétaire, cette orientation vers la production de bois de valeur lui permet de maximiser ses recettes, tout en réduisant les investissements nécessaires à cette production puisqu’elle s’appuie avant tout sur les dynamiques naturelles. La continuité et l’amélioration du « capital bois producteur » que constitue le peuplement sont alors primordiales, et sont assurées notamment par la recherche constante du bon état écologique du patrimoine forestier.

Résilience et adaptabilité
face aux changements climatiques La SMCC s’appuie sur les qualités (écologiques, économiques, paysagères…) de chaque arbre au sein d’un peuplement : ainsi, en tout point de la forêt, les essences et les arbres susceptibles d’être les plus aptes à résister aux aléas climatiques (sécheresses, vents violents, gels…) sont privilégiés. De même, le renouvellement, naturel ou assisté, en continu dans le temps et réparti sur l’ensemble de la forêt, intrinsèque à la SMCC, permet de choisir les essences ou les provenances à favoriser ou à implanter dans de multiples trouées. Cette évolution progressive dans le temps de la proportion des essences plus résistantes aux aléas ou aux ravageurs permet au propriétaire de constituer un peuplement « à options » face aux incertitudes et en fonction des objectifs et moyens qu’il se donne.

Propriétaire et sylviculteur au cœur des décisions
Loin d’être sans contrôle ni suivi, la mise en œuvre de la SMCC s’appuie sur des observations et des diagnostics fins et globaux, permettant d’engager des actes de gestion (coupes, travaux) en fonction des objectifs recherchés par le propriétaire. C’est une sylviculture d’observation et d’ajustements, menée à l’échelle de chaque arbre, et qui évite, sauf en situation contrainte, les à-coups trop brutaux comme ceux pouvant conduire à des ruptures importantes du couvert forestier (coupes rases ou définitives…). Basée sur un pilotage en continu réalisé à partir du suivi d’indicateurs précis (écologiques, dendrométriques, économiques et sociaux), elle permet au sylviculteur de pouvoir adapter sa trajectoire sylvicole dans le temps en fonction des dynamiques en cours et autres imprévus, d’avoir une action raisonnée et ajustée aux possibilités offertes par le milieu naturel.


La SMCC donne aussi de l’importance à la permanence d’une ambiance forestière porteuse de sens pour le propriétaire ou des publics. Par exemple en rendant plus facile en tout point de la forêt la mise en valeur durable dans le temps d’arbres à valeur esthétique, monumentaux, historiques ou patrimoniaux.

La sylviculture mélangée à couvert continu est une « sylviculture d’arbre » : les décisions majeures de la gestion sont prises à l’échelle de chaque arbre et non à l’échelle d’un peuplement.

Chaque arbre possède un intérêt par rapport à une ou plusieurs fonctions : production de bois, conservation du microclimat forestier, éducation des jeunes tiges dans le sous-bois, biodiversité, paysage, dispersion de graines, maintien du sol, protection de berges…

La SMCC permet l’optimisation du rôle de chaque arbre au regard de ses caractéristiques propres et de ses interactions avec son voisinage. Lors des opérations sylvicoles, chaque arbre est soigneusement évalué quant à son utilité dans le peuplement : il sera récolté s’il est jugé mûr ou si le rôle qu’il occupe dans l’écosystème ne répond plus aux objectifs de gestion. Dans le cas contraire il sera maintenu, le plus souvent quel que soit son âge ou son diamètre. Le sylviculteur porte une attention et un soin à toutes les phases de développement de l’arbre tant que ses fonctions méritent d’être maintenues.

Cette approche individuelle aboutit à la création de forêts hétérogènes, irrégulières, mélangées en hauteurs, en diamètres, en âges, en essences...