Pro Silva
PRO SILVA FRANCE
Gérer les bois et forêts sans coupes rases : la sylviculture à couvert continu
Menu

Conférences - Vers une forêt durable : allier sylviculture et sciences écologiques

Le vendredi 13 octobre 2023 Pro Silva France a organisé une soirée de conférences, en collaboration avec l'Association Futaie irrégulière et dans la cadre du projet ForestMoocForChange, sous le titre "VERS UNE FORET DURABLE : ALLIER SYLVICULTURE ET SCIENCES ÉCOLOGIQUES". Diffusée en live sur YouTube, il est possible de revisionner les interventions des trois scientifiques de haut vol venus parler de leurs travaux en la matière :

Résumé des conférences :

Conférence 1 Jérôme Ogée (Directeur de recherche INRAE)
« Microclimat en forêt : rôle des facteurs locaux et paysagers".

Dans cet exposé, Jérôme Ogée, chercheur au CNRS, fera un état des connaissances sur les processus biophysiques responsables des variations spatio-temporelles du microclimat en sous-bois forestier, et de l'importance de facteurs comme la densité des peuplements et de leur fragmentation dans le paysage, ou des variations micro-topographiques en lien avec la présence de cours d'eau. A partir d'exemples concrets, il montrera en quoi le maintien d'un couvert boisé peut contribuer à créer des micro-habitats où les extrêmes climatiques sont fortement atténués.

Conférence 2Jonathan LENOIR (Chargé de recherche CNRS)
« De l'importance des microclimats forestiers dans l'atténuation des impacts des changements climatiques sur la biodiversité et le fonctionnement des écosystèmes forestiers »

Les données climatiques, telles qu'elles sont mesurées par des postes météorologiques classiques, ne permettent pas de capturer les processus microclimatiques qui sont omniprésents au sein des écosystèmes forestiers. Ces processus ont des implications multiples dans le contexte actuel des dérèglements climatiques. Parmi ces implications, les dynamiques spatiotemporelles et la diversité des microclimats en forêts peuvent permettre à certaines espèces de maintenir des populations locales au sein de micro-refuges situés dans des régions où les conditions dites macroclimatiques, par opposition aux conditions microclimatiques, sont devenues ou deviendront défavorables avec le temps. C'est pourquoi, la gestion forestière se doit aujourd'hui, plus que jamais auparavant, d'intégrer ces processus microclimatiques pour assurer une certaine stabilité et pérennité dans le fonctionnement des écosystèmes forestiers pour une gestion durable des ressources forestières en contexte macroclimatique changeant.

Conférence 3Max Bruciamacchie (Enseignant-chercheur AgroParisTech ; Directeur scientifique de l'AFI)
« Futaie irrégulière : modification des besoins de connaissance »

Qu’elle soit dénommée futaie irrégulière ou sylviculture mixte à couvert continu, ce traitement sylvicole a généré une modification des besoins de connaissance. Sylviculture et aménagement sont liés. Ces deux disciplines reposent dans un premier niveau sur des disciplines de base que sont l’écologie, l’autécologie, l’économie ou la dendrométrie, mais on pourrait également citer la synécologie permettant d’aborder la croissance différentielle entre essences. Au second niveau, à titre d’exemple, l’autécologie repose sur la pédologie, la bioclimatologie et la physiologie. Ces disciplines de base sont utiles à toutes les sylvicultures, mais chaque sylviculture définit leur importance et les priorités.

Parmi les modifications importantes liées à l’apparition de la futaie irrégulière et nécessitant la création de nouveaux outils ou l’amélioration de ceux existants, il est possible de citer, dans une liste non exhaustive :

  • La mise en place d’un contrôle à posteriori : « La production forestière doit se constituer de manière à pouvoir tenir compte des problèmes changeants qui se présentent à elle et à pouvoir se prêter aux évolutions nécessaires le mieux et le plus rapidement possible » [Biolley, 1920] 
  • Les besoins en modélisation deviennent secondaires par rapport à ceux du monitoring.
  • La notion du temps est modifiée : le temps de production d’un arbre devient secondaire par rapport à celui du temps de production d’un peuplement, ce qui peut sembler paradoxal dans le cas d’une sylviculture par arbre.
  • L’importance de certains indicateurs dendrométriques de la production changent : l’accroissement en diamètre devient une variable importante.
  • L’économie est intégrée au moment même de la décision et non pas après. 

Les besoins de connaissances concernent un plus grand nombre d’acteurs de l’écosystème forestier. Il s’agit aussi bien des ongulés que des petits mammifères, des champignons, etc.